Le craving, to crave ?

Le Craving est une notion à la fois complexe et essentielle en addictologie. Complexe car difficile à définir et à évaluer par les patients eux-mêmes. Il est essentiel de le connaitre parce qu’il est à lui seul un risque de rechute chez les patients atteints d’addiction.

On pourrait le définir par une envie ou pulsion irrépressible d’aller vers une substance à un moment où l’on ne s’y attend pas et où l’on ne le veut pas forcément.  Dans cette définition, on retrouve le caractère à la fois soudain du craving et la notion de perte de contrôle si importante en addictologie.

Répérer pour mieux traiter.

On comprend alors pourquoi il est si important de comprendre ce qu’est le craving. Toutes personnes ayant un intérêt en addictologie doivent connaitre cette notion : les praticiens, les intervenants médico-sociaux, les aidants et bien sur les patients eux mêmes.

Il est incontournable de repérer, évaluer et traiter ce craving. L’usager doit impérativement identifier les manifestations du craving en lui et les facteurs qui le sous tendent.

Enfin, cette pulsion se distingue des symptômes de manque qui sont des indicateurs physiques de la dépendance et dont l’expression est caractéristique d’une substance (par exemple les tremblements dans le manque d’alcool). Le craving peut également être à l’origine d’une poly consommation chez l’usager, ce qui confère une difficulté et des risques supplémentaires qu’il faut prendre en charge de façon adaptée.

Il est néanmoins complexe pour une personne addict ou dépendante de reconnaitre le craving et de pouvoir le distinguer d’une angoisse ou d’autres sensations ou émotions. Quoiqu’il en soit cela se manifeste par du mal être et il souvent mal identifié. Restons calme, et repensez aux techniques de relaxation que vous avez apprise un jour dans un atelier thérapeutique. Respirez avec votre ventre et imaginez un endroit calme plein de sérénité, expirez …

Comment faire avec ce « craving » ?

A long terme, le craving peut générer de nouvelles consommations que certains appellent le transfert d’addiction. Pour ma part, l’Addiction (avec un grand A) reste intacte : Il ne s’agit pas d’une autre addiction, mais de toujours la même qui se manifeste autrement.

Prenons un exemple simple et concret :

Une personne qui souffre d’une obésité massive suite à une boulimie. Dépitée par son poids, cette personne va chercher une solution et celle qui lui sera présentée sera la chirurgie bariatrique, une SLEEVE. On va alors traiter une addiction (comportementale) en agissant en local et par un chirurgien. Or l’Addiction se traite dans le cerveau (donc en central) et par un psychothérapeute addictologue. Si l’on traite tout de même cette personne par la chirurgie, il risque de se passer quelque chose de non souhaitable : La personne va manifester son addiction non traitée sous une autre forme : Par exemple par une consommation excessive d’alcool en réponse à l’impossibilité de manger davantage. Le problème de fond n’est en rien résolu et plus tard, cette personne ira consulter pour une addiction à l’alcool alors qu’il s’agit en fait d’une boulimie mal traitée. 

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Rédigé par

Docteur Christophe Cutarella

Psychiatre Addictologue Tabacologue
Société d'ingénierie pédagogique en santé mentale (addictologie t et Burn out) spécialisée dans le conseil et l'expertise.