Nomophobia : No mobile (phone) Phobia.

Le terme de Nomophobie est devenu le mot de l’année 2018. Il désigne la crainte ou plutôt une anxiété générée par le fait d’être séparé de son smartphone. Ceux-ci sont désormais si élaborés si adaptés à nos modes de vie, qu’ils sont devenus indispensables.

Nous les utilisons partout et pour toute occasion. On peut même avoir du mal à décrocher de ces mini ordinateurs qui nous suivent partout. Ils nous suivent partout ? Tiens donc ! Vous en êtes surs ? Moi je dirais que c’est nous qui les menons partout, comme si notre journée ne pourrait se dérouler sans eux.

Voici un bout de l’article réalisé par Delphine Tanguy de la Provence qui m’a interviewé :

À ce niveau, on « peut réellement parler d’addiction, c’est-à-dire de gens qui ont perdu le contrôle sur leur consommation », estime le Dr Christophe Cutarella, psychiatre à Marseille, addictologue et président du Groupe de recherche en alcoologie et addictologie de Provence (GRAAP). Insomnies, troubles de l’anxiété, irritabilité, migraines ophtalmiques, douleurs musculosquelettiques (doigts, poignets, cervicales), diminution des facultés cognitives (mémoire, concentration), « burn-out numérique », conflits en famille ou à l’école : « Comme pour toute addiction, poursuit le médecin, le problème survient quand l’usage a des répercussions négatives sur la vie de la personne. » Que le parent qui ne s’est pas fait rabrouer (« T’es toujours sur ton portable ! ») nous jette le premier Nokia 3210…

Le Dr Cutarella n’a pas de baguette magique mais il recommande, « pour commencer, de faire le point sur sa consommation réelle, afin d’en prendre conscience ». Un alcoolique comptera « le nombre de verres » avalés dans une journée et notera à quelle heure il ingurgite le premier ; le nomophobe, celui des heures où il est accroché à son doudou-smartphone et le temps écoulé entre le réveil et la première consultation… Pour les sujets les plus « atteints », moins d’une minute. Sur iPhone, on peut paramétrer son téléphone pour effectuer ce comptage (vous allez tomber de votre chaise). « Ensuite on peut décider de s’accorder un certain volume horaire de consultation et de s’auto-bloquer au-delà », propose le Dr Cutarella. Plutôt que de supprimer l’objet, il suggère de s’en éloigner, d’abord le soir, après le travail (« On se met en mode avion »), de l’oublier le week-end. Ou les 6, 7 et 8 février prochains, lors des « Journées sans portable ». On y va par paliers, « d’abord en l’éteignant une heure, par exemple. Il faut se donner cette possibilité de ne rien faire, se détacher de cette peur de rater quelque chose (le Fomo, pour « fear of missing out »). Car cela conduit à une grande fatigue psychique », insiste-t-il.

Psychiatre marseillais également, le Dr Guillaume Fond propose de « faire le tri dans la façon dont nous utilisons le portable. Fais-je bonne usage des réseaux sociaux? Est-ce que cela m’enrichit ? Si la réponse est non, il faut les désactiver. »Auteur de Je fais de ma vie un grand projet (éd. Flammarion), il voit là l’occasion « d’exercer son esprit à ne plus chercher des sources de bonheur externe », afin de « réapprendre à se connecter à l’ici et maintenant »« Comme pour n’importe quel produit, conclut le Dr Cutarella, on peut, en consultation, avoir une approche par les thérapies comportementales et cognitives (TCC), la relaxation, la sophrologie ou l’hypnose… Et regarder ce qui a mené à cette utilisation excessive. Souvent, un trouble anxieux préexistant. »


« Dix heures par jour, c’est trop ? »

Si aucun des jeunes que nous avons interrogés ne se considère « accro », tous reconnaissent une relation fusionnelle avec leur téléphone. Ainsi, Zac, 15 ans, en troisième à Marseille, estime « passer dix heures par jour sur son écran, surtout le soir ». Il y navigue surtout sur les réseaux sociaux,Snapchat et Instagram en tête, mais fréquente également Deezer, pour écouter de la musique.« Dix heures, c’est trop ? » demande-t-il, perplexe. Pour Matthieu, même âge, le téléphone, c’est « au moins 4 heures par jour en semaine et 8 heures le week-end ». Léa, qui regarde principalement des séries sur Netflix « minimum 2 heures par jour »témoigne ne pas pouvoir se passer de son téléphone une journée. Selon un rapport de l’Assemblée nationale rendu avant l’été 2018, plus de 63 % des enfants entrant en 6e ont un smartphone et au moins 15 % un téléphone portable « non intelligent ». À l’âge de 12 ans, de 70 et 80 % des élèves sont déjà équipés d’un smartphone. Selon un sondage (CSA Link), 84 % des 15-25 ans déclarent ne pas pouvoir s’en priver une journée ; ils passent 2 h 30 par jour à naviguer sur internet ou à téléphoner, ce qui correspond à 38 jours par an, avait calculé Le Parisien.


Nous ne sommes pas tous égaux devant la dépendance

c’est quoi ?

Une addiction est une pathologie cérébrale définie par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences délétères.

Les plus répandues concernent le tabac et l’alcool, puis le cannabis, les opiacés, la cocaïne, etc. Il existe également des addictions liées à des activités (et non à des substances), comme les jeux d’argent, les jeux vidéo (surtout le multi-joueurs), le sexe ou les achats compulsifs. À noter que l’addiction au portable n’est pas encore considérée comme « authentique », en raison d’un manque de données scientifiques convaincantes.

ça se diagnostique comment ?

Le diagnostic de la dépendance repose sur des critères fixés par des instances internationales de santé mentale et répertoriés dans un manuel, le Diagnostic and Statistical manual of Mental disorders. Parmi eux : la perte de contrôle de soi, l’interférence de la consommation sur les activités scolaires ou professionnelles, ou encore la poursuite de la consommation malgré la prise de conscience des troubles qu’elle engendre.

comment ça marche ?

L’installation d’une addiction implique au moins trois mécaniques : une augmentation de la motivation à consommer (recherche de plaisir), un état émotionnel négatif (recherche d’un soulagement), une diminution de la capacité à se contrôler (perte de contrôle de la consommation). L’addiction démarre avec le plaisir généré par la substance addictive. Cette sensation est due à des modifications électrochimiques s’opérant dans le cerveau en réponse à la consommation de la substance. Chaque individu est plus ou moins vulnérable à l’addiction et une part de cette vulnérabilité est d’origine génétique. Les personnes montrant de l’anxiété, un caractère introverti ou une tendance dépressive, ont un risque accru de dépendance. C’est aussi le cas chez des personnes avides de sensations fortes.

Des astuces pour déconnecter :

Il est clair que ce n’est pas toujours facile, mais il savoir profiter des moments plus calme, pour essayer de déconnecter. Les vacances peuvent être propices à ces bonnes résolutions, à condition de se préparer et de se laisser un peu de temps entre l’hyper connexion et la déconnexion.

Voir l’article.

 

 

 

Rédigé par

Docteur Christophe Cutarella

Psychiatre Addictologue Tabacologue
Société d'ingénierie pédagogique en santé mentale (addictologie t et Burn out) spécialisée dans le conseil et l'expertise.