Lors du dernier congrès de l’AFU (Association Française d’Urologie en novembre 2021, à Paris, j’ai eu l’honneur d’intervenir auprès des urologues francophones. Le sujet était bien sur le sevrage tabagique, mais surtout comment le mener lorsque l’on n’est pas addictologue ni psychologue…
En fait, ce n’est pas si compliqué, le plus serait peut être pour le chirurgien que pour les patine lui-même.
Introduction
Le sevrage tabagique constitue un réel enjeu de santé publique. Avec encore près de 75 000 décès par an, le travail reste de taille même si depuis le début du Mois Sans Tabac, les chiffres montrent une réelle baisse. De nombreux praticiens se lancent dans le dépistage mais encore trop peu dans l’accompagnement des patients fumeurs. Du médecin généraliste au cardiologue en passant par les psychiatres ou les chirurgiens, le dépistage et l’accompagnement à l’arrêt ne doivent jamais être un tabou. C’est en levant les freins chez les professionnels que nous permettrons le dialogue auprès des patients.
Les techniques non médicamenteuses
Les psychothérapies sont multiples et variées, les Thérapies cognitives et comportementales (TCC) sont les plus utilisées dans l’addictolo-gie. Le fumeur comme toute personne addict, présentera des étapes de changement néces-saire à son chemin vers l’arrêt ou sevrage.
Le traitement médicamenteux
Il s’agit de substituts nicotiniques qui peuvent se présenter sur plusieurs formes : patchs transdermiques qui auront une action prolon-gée sur toute la journée et qu’il serait intér-essant d’associer à des formes orales : pastilles à laisser fondre, gommes à mâcher ou sprays buccaux. Le choix vers telle ou telle forme orale dépendra du choix du patient en fonction de son confort mais aussi de ses précédentes expériences. Dans tous les cas, il s’agit d’un traitement au long cours qui devra réévaluer et diminuer très progres-sivement. Ce traitement médicamenteux sera toujours associé à un accompagnement psy-chothérapeutique qui peut être les thérapies cognitives et comportementales. L’entretien motivationnel qui consiste à :
- renforcer positivement les efforts fournis par le patient ;
- le laisser libre décideur de ses choix ;
- le laisser libre de respecter le rythme de la thérapie en fonction des capacités du patient à chaque étape.
Ces trois éléments forment les points capitaux de la prise en charge en tabacologie et en addictologie.
La gestion au long court
Si dans le cas du tabac c’est l’arrêt total et définitif qui est visé, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un processus long et progressif. Il serait utopique de faire arrêter brutalement, complètement et durablement un fumeur. La situation sera vévue comme inconfortable pour cette personne qui fume depuis des années voire des décennies. Il n’y a pas de solution miracle et il y a autant de fumeurs différents que de fumeurs. La gestion sur le long cours est capitale une fois le sevrage réalisé. Ce sont deux étapes distinctes : le servage physique d’une part, et la dimension psychologique avec le craving d’autre part. N’oublions pas non plus la composante compor-tementale sous-tendue par les habitudes et rituels mais aussi le geste mis en place depuis des années par le fumeur, et la dimension psychologique qui se manifeste par le craving. La gestion de ce craving (pulsion irrépressible et brutale de consommer) n’est pas une mince affaire. Ce phénomène qui peut se manifester de différentes manières doit être reconnu et gérer par l’ex-addict lui-même. Une prise de poids par attrait vers le sucré, une irritabilité, des pulsions vers d’autres produits peuvent être l’oeuvre du craving. Futurs ex-fumeurs, soignants/thérapeutes soyez patients, les efforts paieront toujours !
Les substituts nicotiniques
Pour un patient avec une consommation régulière et dépen-dance importante, on propose :
- un patch de 21 mg/J à laisser 24 h ;
- des substituts oraux selon les préférences du patient :
- pastilles à sucer, gommes à mâcher (pas comme un chewing-gum, mais par intermittence),
- spray nicotinique avec une pulvérisation par envie de fumer (une pulvérisation vaut une cigarette en nicotine) ;
il faudra ensuite revoir le patient après 7 à 10 jours pour réévaluer le dosage nicotinique et adapter la posologie si besoin.
L’accompagnement et le soutien psychothérapeutique seront toujours recommandés. Une hausse des dosages sera pos-sible si subsistent des sensations de manque physique et/ou psychologique l’on appelle le craving.