Une vie confinée, c’est autant d’occasions de se laisser aller à une consommation accrue de substances addictives…Ou de subir les effets du manque lorsque les sources de dépendance se raréfient. Dans ce contexte, il est essentiel de se protéger au maximum.
Mettre en place des stratégies de « coping »
« La situation peut donner lieu à de multiples angoisses ou à des troubles du sommeil, explique le Dr Cutarella. Plus il y a de l’angoisse, plus on a de chance de se tourner vers la consommation de substances. ». Pour canaliser anxiété et pensées négatives, chacun doit mettre en place des stratégies qui l’aideront à mieux tolérer la situation.
« Nous ne sommes pas tous égaux face à cette démarche. Chacun doit trouver ce qui l’aide à moins consommer. Souvent, cela passe par le fait de s’imposer des cadres pour détourner son attention de ce craving.
Mettre son réveil chaque jour à la même heure, s’imposer un peu d’exercice physique, prendre le temps de cuisiner. Car c’est lorsqu’on se sent désœuvré qu’on est le plus à même de consommer. « Il faut éviter les situations de perte totale de repères, propices à la consommation de substances ».
Je conseille également de se surveiller durant toute cette période. « Pour les personnes touchées par l’alcoolisme, cela passe par le décompte du nombre de verres bus chaque jour et le suivi de l’évolution de la consommation. Il en va de même pour les cigarettes, le cannabis etc. Il faut éviter de consommer sans limites ». Pour l’alcool, il est donc recommandé de se servir des verres standards contenant une unité d’alcool, soit 10 grammes d’alcool pur.
Se faire aider par des professionnels
Ce n’est pas parce qu’on est confiné qu’il faut faire une croix sur l’aide des professionnels de santé. « Il ne faut pas hésiter à avoir recours aux consultations en ligne ou par téléphone, explique Christophe Cutarella. Dans de nombreuses structures spécialisées en addictologie, les ateliers thérapeutiques continuent à se dérouler à distance. » Mieux vaut donc éviter de faire cavalier seul pendant cette période et poursuivre avec assiduité son suivi médical.
Ce confinement peut être l’occasion d’un sevrage de tabac et cannabis. « Des substituts (pastilles de nicotine, patchs, cigarettes électroniques) sont en vente libre, il ne faut pas hésiter à y avoir recours ».
Quant à l’alcool et aux drogues dures, il est fortement déconseillé de se sevrer seul et brusquement. « Cela peut avoir des effets dramatiques sur la santé. On préfèrera donc profiter du confinement pour réduire petit à petit sa consommation et s’appuyer en parallèle sur des traitements médicaux, prescrits par le médecin traitant ». L’automédication est bannie car dangereuse, en particulier quand il s’agit de traitements visant à réduire l’anxiété « ils risqueraient de provoquer une nouvelle addiction », explique le médecin.
Miser sur l’entraide collective
L’effet de groupe peut être une véritable béquille pour combattre les addictions. « Il ne faut pas sous-estimer les effets positifs des challenges lancés sur les réseaux sociaux ! », rappelle Christophe Cutarella.
L’entraide et le partage d’expérience peuvent donc faire la différence pour qui souhaite se défaire d’une addiction. « On est toujours plus motivé quand on sait qu’on n’est pas seul à vivre une situation difficile… et quand on sait vers qui se tourner en cas de découragement, craquage ou rechute ». Par exemple, le groupe Facebook La vie sans alcool réunit toute une communauté d’individus qui souhaitent mettre fin à leur addiction à l’alcool et s’encouragent en toute bienveillance. « Le fait d’être seul en confinement n’est pas une fatalité, profitons des outils de communication à notre portée pour avancer et se soutenir ! ».
Article réalisé par Medzine.
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