Le retour de la varénicline (Champix) en France.

Quand le Champix refait surface pour éliminer la cigarette !

Avec son nom de potion magique digne d’un druide gaulois, ce traitement avait fait couler beaucoup d’encre depuis sa mise sur le marché ! Est-il trop efficace ? Après plusieurs années de pause forcée, ce traitement revient sur le devant de la scène avec une efficacité toujours aussi intéressante. L’arsenal thérapeutique pour lutter contre l’addiction au tabac est assez faible, alors avec un allié en moins cela devenait encore plus difficile d’accompagner les fumeurs à l’arrêt. Quand on est tabacologue, on est habitué à la bataille mais c’est toujours mieux avec des armes en plus, surtout si celles-ci sont efficaces ! Et c’est le cas du Champix ! Mais n’oublions nos substituts nicotiniques (patchs, gommes, pastilles ou sprays) ils sont toujours là pour nous aider.

Pourquoi la varénicline avait disparu ?

D’abord aux USA, (comme souvent), puis en France, il avait été retrouvé des taux de Nitrosamines, (substance classée cancérogène) trop importants dans la composition de ce traitement. Ce qui avait entrainé son retrait par les autorités américaines puis françaises de la commercialisation en 2021. C’était tout de même dommage pour un traitement qui est sensé faire diminuer le taux d’intoxication, d’en apporter lui aussi. Mais il faut comprendre que les taux de Nitrosamines du Champix® restaient très très inférieurs à ceux d’une seule cigarette ! Le laboratoire qui commercialise ce médicament a du retravailler ses chaines de production pour nous permettre de retrouver ce traitement qui va aider de nouveau les fumeurs à devenir des ex fumeurs de demain !

Comment ça marche ?

La varénicline est un agoniste partiel des récepteurs nicotiniques a4β2 de l’acétylcholine possédant aussi des propriétés antagonistes. Il cible les récepteurs cholinergiques nicotiniques à l’origine de la dépendance à la nicotine.

Le démarrage de ce traitement doit être progressif, on commence par les comprimés de 0.5 mg. D’abord un par jour puis deux avant de passer aux comprimés de 1 mg.

In fine la dose recommandée est de 1 mg de Varénicline deux fois par jour après une semaine d’augmentation posologique comme suit (mais pourra être adaptée si besoin, suivez toujours la prescription de votre praticien) :
J1 à J3 : 1 cp à 0,5 par jour
J4 à J7 : 2 cp à 0,5 par jour en deux prises
J8 à la fin : 1 cp à 1mg deux fois par jour
Le traitement dure 3 mois (12 semaines) mais peut être renouvelé jusqu’à 6 mois. Un arrêt progressif peut même être envisagé en cas de risque fort de rechute. Il ne faut pas hésiter à en parler à son tabacologue quand l’envie de reprendre se fait durement ressentir après l’arrêt du traitement.

Est-ce que ça marche ?

La varénicline a été très controversée et quelques anciennes idées reçues circulent toujours sur le risque suicidaire encouru par les utilisateurs. Or il faut savoir qu’une étude publiée en 2013 (125 000 personnes sur 5 ans) a conclu qu’il n’y a pas de sur-risque de comportement suicidaire chez les patients traités par varénicline, comparé à ceux traités avec des substituts nicotiniques.
Depuis, dans les études réalisées, il n’a pas été démontré d’augmentation des troubles psychiatriques graves, ni de conséquences cardio-vasculaires, associés à l’utilisation de la varénicline. Comme l’étude Eagles que l’on retrouve sur le site du célèbre journal scientifique The Lancet et les recommandations de l’HAS.
Et la réalité est que Les études Eagles ont montré qu’il y avait autant d’idées suicidaires et de suicides réussis chez les patients utilisant un patch que chez ceux utilisant la varénicline. On tord donc le cou aux vieilles rumeurs : si votre tabacologue vous prescrit ce traitement c’est qu’il l’a jugé utile et adapté pour vous !

En conclusion...

La varénicline est donc un traitement efficace, et ce même, à long terme, puisqu’une partie des patients n’ont pas retouché de cigarettes après un an d’arrêt du traitement. Néanmoins, gardez en tête que ce médicament (comme tous les autres) n’est pas magique et que votre addiction au tabac nécessitera que vous la compreniez et que vous la preniez en charge par une équipe pluridisciplinaire. Le traitement d’une addiction n’est pas uniquement médicamenteux, tout comme  le soin n’est pas qu’une ordonnance …

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