La pharmacodépendance aux opioïodes

La pharmacodépendance aux antalgiques opioïdes est devenue une problématique croissante en France, avec une augmentation notable de la consommation et des cas de mésusage et de dépendance au cours des 15 dernières années. Les opioïdes sont des médicaments essentiels pour la gestion de certaines douleurs, mais leur utilisation expose à des risques de dépendance, d’abus, de surdosage et de complications graves, notamment respiratoires (overdose). Il faut donc savoir bien les utiliser et ne pas s’auto-médiquer. 

Épidémiologie en France

Depuis les années 2000, la prescription des antalgiques opioïdes, faibles (comme la codéine et le tramadol) ou forts (comme l’oxycodone et la morphine), a significativement augmenté. Entre 2004 et 2017, la prescription de codéine, tramadol a beaucoup augmenté, tandis que les hospitalisations liées aux intoxications accidentelles ont grimpé de 15 à 40 pour un million d’habitants. La mortalité liée aux opioïdes est passée de 1,3 à 3,2 décès pour un million d’habitants. Cela reste faible mais cela progresse. 
Environ 10 millions de Français ont eu une prescription d’antalgiques opioïdes en 2015, et 136 décès directs ont été recensés en 2022. La majorité des patients concernés sont initialement traités pour des douleurs aiguës ou chroniques, avec une surreprésentation des femmes dans les cas de mésusage. Malgré cette augmentation, la France ne connaît pas une crise de même ampleur que les États-Unis, mais une vigilance permanente est de mise. Et cela passe par de la prévention !

Comment repérer une addiction aux opioïdes ?

Pas toujours évidente à repérer, et encore moins d’en parler, une addiction qu’elle quelle soit, sera toujours une épreuve. Néanmoins, on peut tous y arriver, il ne faut surtout hésiter à demander de l’aide, même si cela peut prendre du temps et une allure de parcours du combattant. Surtout en lâchez rien ! 

Plusieurs outils validés aident à dépister le risque de dépendance ou de mésusage chez les patients recevant un traitement par opioïdes :
  • ORT (Opioid Risk Tool) : questionnaire de repérage avant la première prescription, utile pour évaluer les facteurs de risque individuels de dépendance.
  • POMI (Prescription Opioid Misuse Index) : questionnaire simple à utiliser lors des renouvellements ou en cas de suspicion de mésusage ; un score de 2 ou plus suggère un risque actuel de mésusage.
Depuis janvier 2025, les pharmaciens d’officine peuvent proposer des entretiens d’accompagnement utilisant le questionnaire POMI pour repérer les patients à risque de dépendance, et alerter le prescripteur en cas de score élevé

Qui peut devenir accro à ces médicaments ?

Cela peut arriver à tout le monde, il faut savoir rester distant de certains traitements et ne les utiliser que si besoin. Dans ce cas, c’est uniquement en cas de douleurs. Bien sur que les prescripteurs ont aussi pour beaucoup à se former sur le sujet !

L’utilisation régulière d’opioïdes antalgiques expose les patients au risque de dépendance physique et psychique, d’abus, de mésusage, de surdosage et parfois de décès par dépression respiratoire (l’overdose). Parmi les facteurs de risque de pharmacodépendance, figurent les antécédents de troubles psychiatriques, le mésusage antérieur de substances psychoactives et le recours à des doses élevées ou prolongées.

L’assurance maladie, a d’ailleurs mis en garde et prévenu que certains passeraient désormais sur ordonnance sécurisée pour une délivrance en pharmacie d’officine. C’est ici.

Quels sont ces médicaments ?

J’en ai parlé dans cet article. Mais Il y a eu des changements de législation depuis, notamment au sujet du TRAMADOL®, d’ailleurs on en parlait déjà dans l’article !

Quelles sont les techniques pour décrocher ?

La prise en charge de la pharmacodépendance aux opioïdes antalgiques doit être pluriprofessionnelle, coordonnée entre le médecin généraliste, l’addictologue et, selon les cas, un psychiatre-addictologue. Les recommandations HAS soulignent l’importance de :
  • Fixer dès la prescription d’antalgique opioïde des objectifs thérapeutiques clairs et de réévaluer régulièrement la situation du patient. Il faudra prévoir une date d’arrêt dès l’initiation. 
  • Privilégier les alternatives non-opioïdes pour la douleur chronique non cancéreuse. il existe des indications précises selon les types de douleurs. Les antalgiques ne sont pas la clé à tous les maux. Il ne faut pas négliger les thérapies non médicamenteuses dans ces cas.
  • Informer le patient sur les risques, les signes d’alerte et la nécessité d’un suivi étroit.
  • Proposer un accompagnement spécialisé qui peut être :
    • Une réduction progressive en se fixant des objectifs de réduction progressifs et adaptés à votre état général ; c’est à dire physique et mental. On utilise pour cela souvent un carnet de suivi où sont noter le nombre de prises et la qualité totale prise de façon quotidienne. L’idéal est aussi de noter le craving ressent à ces moments-là et les stratégies mis en oeuvre pour lutter contre se craving et essayer de réduire le  nombre de prise par exemple. 
    • Un traitement de substitution si un trouble de l’usage d’opioïdes est avéré : la méthadone ou la buprénorphine sont les deux médicaments principaux disponibles en France. Le premier ne peut être prescrit que par un addictologue dans un centre spécialisé. Dans les deux cas il s’agit d’un traitement stupéfiant et nécessitera des précautions particulières y compris pour la délivrance et la détention : Garder votre ordonnance avec vous en cas de contrôle. 

Recommandations de l'HAS

  • HAS. Bon usage des médicaments opioïdes : antalgie, prévention et prise en charge du trouble de l’usage et des surdoses (2022)
  • HAS. Traitement du trouble de l’usage d’opioïdes (2022)
  • HAS. Prévention et prise en charge du mésusage et des surdoses d’opioïdes (2019) 

Petit Quiz de vérification des connaissances

  1. Quelles sont les principales classes d’antalgique opioïde prescrites en France ?
  2. Quel outil peut-on utiliser pour repérer un mésusage lors d’un renouvellement de traitement ?
  3. Quels sont les deux traitements de substitution disponibles pour la dépendance aux opioïdes antalgiques ?
  4. Quel score POMI suggère un risque actuel de mésusage ?
  5. Quels sont les risques principaux associés à l’utilisation prolongée d’un antalgique opioïde ?

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